Le futur de l’intelligence artificielle

Le député Cédric Villani a rendu un rapport sur les objectifs de l’intelligence artificielle en France et en Europe. Le rapport souligne l’importance et la place des données dans l’économie nationale et européenne, ainsi que les futurs enjeux qui y sont liés.

Un objectif de soutien à l’intelligence artificielle…

Le rapport fait suite à une initiative présidentielle qui souhaite faire de la France une nation pionnière dans les intelligences artificielles. L’objectif premier est d’engager tout l’écosystème numérique national (et si possible européen) afin de développer l’environnement de recherche et d’innovation dans le secteur de l’intelligence artificielle. Le Président de la République a ainsi dévoilé un plan d’investissement de plus d’1,5 milliard d’euros, dans le but de soutenir les recherches autour de l’intelligence artificielle, et ainsi pouvoir rattraper le retard pris par rapport aux Etats-Unis d’Amérique ou de la Chine, les deux leaders du marché.  La France, forte de son savoir-faire de et de ses talents n’aurait pas de mal à devenir l’une des références mondiales en la matière, mais manque de groupes importants pour les soutenir.
Le rapport souligne donc plusieurs points à mettre en avant pour parvenir aux objectifs fixés. Un des premiers points est la mutualisation des données des entreprises. Une donnée seule n’a que très peu de valeur, la mutualisation des données permet de les croiser et de les valoriser. Cet engagement voulu par l’Etat est déjà soutenu depuis un moment par les grands acteurs du digital qui souhaitent à la fois partager le maximum de leurs données, et aussi avoir accès à de nouvelles. Cet engagement est aussi voulu par les nouvelles entreprises et startups qui souhaitent développer leur concept grâce aux big data et à l’intelligence artificielle.
En 2015 déjà, l’OCDE promouvait le partage des données pour mieux les valoriser tout en apportant des législations intelligentes permettant d’encadrer leurs usages. De nos jours, encore 90% des entreprises sont réticentes à partager les données qu’elles collectent. L’Etat réfléchit à encadrer ce partage de données, en prolongeant par exemple, la Réglementation Générale de Protection des Données (RGPD). En adéquation, il est aussi prévu de libérer des données détenus par des entités privées, cela au cas par cas. Cela briserait le monopole de certaines entreprises privées et encouragerait le partage des données.

…à travers des acteurs nationaux et européens

L’autre point intéressant est la différenciation compétitive via des plateformes sectorielle. Le budget réduit alloué cette l’initiative sur l’intelligence artificielle est assez limité. Il est donc décidé de sélectionner certains secteurs d’excellence pour mieux les soutenir et les rendre plus compétitifs. Quatre grands secteurs ont donc été définis : santé, transports-mobilités, environnement et défense-sécurité. Cependant, concernant l’usage des données, l’ensemble des acteurs doit être intégré dans leur valorisation, de la collecte jusqu’au partage et la commercialisation des informations. La différenciation par plateforme sectorielle n’est plus une méthode dont il faut prouver l’efficacité car c’est une méthode qui est largement utilisée par les acteurs américains et chinois.
Le soutien d’acteurs français évoluant autour de l’intelligence artificielle, ainsi que la collaboration de ses différents acteurs, sont jugés primordiaux pour la réussite de cette initiative présidentielle. En effet, le rapport soutient clairement la mise en avant des acteurs numériques français et européens. Les grands acteurs nord américains et asiatiques, les GAFA et BATX, travaillent leur visibilité depuis très longtemps contrairement aux acteurs européens. Le soutien des acteurs français peut se faire à travers un organisme en collaboration avec l’initiative French Tech, qui soutient déjà les acteurs émergent nationaux.
Outre le levier économique que pourrait créer le soutien à l’intelligence artificielle, il est sans conteste un outil indispensable à la transition énergétique. Beaucoup d’acteurs écologiques privés comme publics, utilisent l’IA dans leur processus de fonction. On peut citer comme impact une meilleure gestion de l’eau (avec l’étude et la prévision de la pluviométrie par exemple) ou de l’électricité (via les données relevées du nouveaux compteurs Linky par exemple) ou une meilleure répartition de ces besoins, ce qui engendre des économies de coûts ou de produit.
 
Mais au-delà de cette initiative gouvernementale qui envisage des répercussions plus que positives, on  peut se demander si son financement sera assez conséquent pour rattraper le retard pris face aux acteurs américains et asiatiques. Le projet prévoit un financement de 15 milliards d’euros pendant 4 ans qui seront consacrés à la formation professionnelle.
On peut ajouter à cela les risques que la libre circulation des données pourraient engendrer. Comme le souligne le rapport “Un tel dispositif, intégré aux traités de libre-échange, marquerait un recul fort en termes de souveraineté, de compétitivité et de protection des consommateurs européens. Il amputerait l’Europe de toute marge de manœuvre concernant les possibilités futures d’encadrer la circulation des données.”

Sources :
Communiqué de presse
Rapport sur l’intelligence articielle]]>